Non.
Si effectivement le débat sur la brevetabilité du vivant pose de graves questions lorsqu'il devient possible de breveter des semences sélectionnées, il n'est pas question de pouvoir breveter quelque chose qui existe dans la nature. Ce qu'il est possible de breveter, c'est une technique d'extraction industrielle, ou l'obtention d'une nouvelle variété, etc. Le dépôt d'un brevet nécessite l'absence d'une antériorité dans l'élément qu'on veut protéger ; si historiquement une affaire célèbre concernant un brevet sur l'utilisation des graines de neem avait défrayé la chronique, l'erreur a été corrigée et le brevet annulé, les propriétés de la graine en question étant un remède traditionnel bien établi en Inde.
Les molécules présentes dans des plantes sont souvent à l'origine de médicaments, mais ce sont rarement exactement les mêmes. On découvre qu'une molécule a une propriété intéressante, et les firmes pharmaceutiques font alors de la recherche pour trouver la variante la plus efficace. Leur recherche sera alors brevetée.
Par exemple : l'aspirine (acide acétylsalicylique) est obtenue par légère transformation industrielle de l'acide salicylique, constituant de l'écorce de saule. Le paracétamol, synthétisé plus tard, est une légère variante de l'aspirine. Aspirine et paracétamol ont été brevetés (aspirine : 1899, Bayer ; les brevets sont depuis tombés dans le domaine public). L'ibuprofène, autre anti-inflammatoire, a également été obtenu par modification de la molécule. L'acide salicylique, constituant du saule, n'est pas brevetable.